dimanche, septembre 02, 2007

disparition

La radio, la télé, les journaux s'émeuvent; un enfant a disparu, enlevé par un dangereux maniaque.
Et voilà qu'à peine deux jours plus tard, j'entends à la radio un journaliste annoncer la disparition de Raymond Barre. Quoi ? Quel horreur ! A quelle fin inavouable aurait-on enlevé ce célèbre homme politique ? A-t-on profité d'un de ses sommeils bien connus pour perpétrer le forfait ?
Non, il s'agit simplement du décès de ce cher homme. Mais le mot de mort ne sera pas prononcé comme si, par superstitions, le terme de disparition permettait d'éviter l'irréparable.
De nos jours, on ne meurt plus, on disparait.
Une semaine plus tard, meurt un gaulliste de la première heure ( il y en eut beaucoup plus les heures suivantes, quand ça ne risquait plus rien) Il meurt ?... Non, non, il s'éteint.
Un ami, Robert, m'aborde un jour, l'air triste :" Sais-tu que Jacques nous a quittés ?
Moi : Ah ? il est allé où ?
Lui : Tu ne comprends pas : il nous a quittés ?
Moi : Il est parti ?
Lui : Oui.
Moi : Il va revenir ?
Lui: Mais non... Il nous a quittés !
Moi : Ah ! Il est mort ?
Lui : Oui... si tu veux...
Pourquoi ne pas employer un mot qui existe ? Mentalité archaïque, pré-logique, on croit écarter la chose en écartant le mot. On ne meurt plus. On disparait, on s'éteint, on part, on quitte, on rejoint Dieu, on s'en va, etc. mais on ne meurt plus. Alors que dès le premier jour de sa naissance on marche vers la Mort. L'accepter, c'est accepter de vivre.

Mourir, un mot en voie de disparition.