egalité...
... que de crimes on commet en ton nom !Sur mon dernier blog, Chris commente et s’inquiète en pensant que je semble donner la primauté à la Liberté sur l’Égalité. Reprenons le texte de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948.« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Une bonne rédaction qui semble dire l’essentiel et qui reprend en fait la devise de la République française, Liberté, Égalité, Fraternité. Il y a néanmoins quelques différences avec le texte de la Déclaration de 1789 qui débute ainsi: «Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Mais on a supprimé une précision importante: « Les homme naissent et DEMEURENT libres et égaux en droits » disait-on en 1789. Était-ce à ce point gênant en 1948 ou tout simplement impossible à garantir ?
Il est de fait que cette égalité va disparaître rapidement. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, on ne peut que le constater. Cette déclaration se veut universelle. Elle a été adoptée par les 58 États Membres. Question : N’y avait-il pas de Royaumes parmi ces pays ? Les familles régnantes ont-elles abdiqué pour se plier au texte que leur représentant avait signé ? Les sujets de Leurs Majestés avaient-ils en naissant les mêmes droits que les héritiers du trône ? Chaque Nation est libre de choisir son mode de gouvernement. Soit. La liberté au détriment de l’égalité est donc la règle. Ou un pis-aller.
Les hommes ne peuvent demeurer égaux. Plus tard, les dispositions personnelles, les dons intellectuels, les talents, le génie même, vont amplifier les différences entre les citoyens. L’égalité ne doit pas devenir un nivellement par la base. Il faut cependant que chacun puisse évoluer. C’est là que peut et doit résider l’égalité. Dans les chances.
L’article 7 dit :"Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi." Si la deuxième partie est en gros assez bien respectée, sauf bavures intempestives et rarement sanctionnées, la première partie semble une aimable plaisanterie. Que devient l’égalité avec l’immunité parlementaire ? Quelles que soient les raisons invoquées, même bonnes, savoir qu’un parlementaire ne peut être arrêté s’il commet un grave délit, sans que soit levée cette sacro-sainte immunité, me gêne un peu. Je ne peux m’empêcher de penser que ce sont les parlementaires eux-mêmes qui ont voté cette dérogation à l’Égalité. Eux, encore, qui pourront décider de la lever ou non.
Qu’en est-il maintenant de l’immunité du chef de l’État ? Échappe-t-il à la Loi du fait de son statut ? Il n’est donc pas un citoyen ? Il a été élu par le peuple, dites-vous ? Raison de plus pour respecter celui-ci. Un élu n’est qu’un représentant, autrement dit, un employé au service de ceux qui l’ont mis en place. L’inégalité juridique est une atteinte à la liberté.
L’article 8 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit ceci : « Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi. »
Les articles 5 à 19 du titre II de la Constitution portant sur les attributions du Président de la République ne parlent pas d’immunité. D’où lui vient-elle ? Est-il considéré comme un parlementaire ? Imaginons que je porte plainte contre lui estimant qu’il outrepasse ses fonctions et qu’il dilapide les fonds publics, alimentés (si j'ose dire!) par les impôts que je paie, avec des dépenses injustifiées et exorbitantes (Non, je n’emploierai pas le bel adjectif forgé par Rimbaud) .Quelles chances ai-je de voir cette plainte aboutir ?
16 Comments:
à JC,
Merci pour ce petit rappel de droit constitutionnel comparé.. et vive la liberté! sur la toile...
Si une certaine forme de fraternité existe de temps en temps, l'égalité, elle, n'a jamais existé. C'est impossible, la nature humaine étant ce qu'elle est.
Ce n'est pas grave, c'est juste "comme ça"!
Au mieux pouvons-nous organiser nos sociétés pour que certaines formes d'égalité soient plus ou moins respectées et tendre nos efforts vers cet idéal égalitaire.
Si on y arrive, c'est déjà bien!
Parlons d'égalité, donc.
L'égalité peut devenir inégalitaire. Imaginez un chef (ça existe)et à quel que niveau que ce soit qui ne ferait aucune différence de traitement entre un collaborateur fumiste et un collaborateur efficace. Egalité de traitement? non ce serait inégalitaire.
Je sais bien que je ne suis pas l'égale de La Callas. Pas d'égalité de traitement entre nous. Son nom est inscrit dans l'histoire, pas le mien.
Alors, parlons d'équité.
Foin de l'égalité, à deux conditions :
- qu'un travail sans relâche soit fait pour tirer vers le haut ceux qui sont par leur naissance un peu moins égaux que les autres. Que les choses soient dites. Expliquer sans répit. Expliquer aux femmes d'Afrique que ce sont elles qui peuvent changer le cours de leur continent. Prendre du temps plus que donner de l'argent.
- que la dignité humaine soit respectée. Il y a un minimum de conditions de vie à proposer collectivement à ceux qui ne peuvent pas pour beaucoup de raisons. Le plus difficile c'est toujours de doser.
Amis ou anonymes, à vos plumes.
Enfin, pour Jean-Claude, il doit y avoir une raison historique à l'immunité. Juristes (il y en a parmi les lecteurs du blog)qui lisez ce blog de France ou d'Europe ou d'Amérique, avez-vous la réponse ?
Libres et egaux en droit.
Tout est dit, cette phrase est merveilleuse mais ce n'est plus le sens que l'on donne a l'egalite. Pauvre egalite elle a ete remplacee par de l'egalitarisme. Les hommes ne doivent plus etre egaux en droit, il doivent etre egaux. La difference c'est ce qui fait l'individu et c'est tout ce que veut gommer le collectivisme.
D’accord avec Dom sur l’égalité qui peut devenir inégalitaire, sur les fumistes et les passionnés.
Cependant... il y a un moment où ça peut devenir fatigant d’essayer de tirer vers le haut des personnes qui veulent, pour une raison ou pour une autre, rester en bas. Tout dépend du temps qu’on y passe.
Que veux-tu dire par « Il y a un minimum de conditions de vie à proposer collectivement à ceux qui ne peuvent pas pour beaucoup de raisons. » Un revenu d’existence par exemple?
Ce que j’attends des politiques de nos démocraties c’est ça, juste le courage de proposer un minimum et d’argumenter, d’expliquer comment ils vont s’y prendre pour réaliser ce minimum. Par exemple, si un politique -de droite ou de gauche- proposait plus aucun SDF pour la fin de mon mandat et que ça soit limpide, argumenté, réaliste, je vote pour lui.
Et puis… Le commentaire de Dominique me fait poser cette question : Les syndicats ne sont-ils pas devenus, ici, en 2006, des forces réactionnaires ? Défendre un salarié juste parce qu’il est salarié, même s’il a tort, si c’est un fumiste ?
A dom
- qu'un travail sans relâche soit fait pour...
- Il y a un minimum de conditions de vie à proposer collectivement à ceux qui ne peuvent pas pour beaucoup de raisons. Le plus difficile c'est toujours de doser.
Qui? Comment? Il faut des objectifs de moyens pas de resultats.
L'initiation de la force et la violence meme pour une fin noble restent injustifiables. Le principe du double effet developpe par Thomas d'Aquin donne un bon eclairage sur la question. Il existe heureusement des solutions respectueuses des libertes fondamentales aux points que tu souleves.
à tous,
J'ai l'impression que vous confondez "égalité" et "identité" . être égaux ne veut pas dire être identiques!
Il s'agit d'égalité des droits de chacun en tant que citoyen ou être humain. Mais, à chacun selon son mérite!
Maria Callas est unique certes, mais son exceptionnel talent, s'il la place au dessus du commun des mortels en matière artistique, ne lui confère pas plus de droits qu'aux autres, elle est (était hélas) l'exacte égale de ses contemporains.
A Marc,
C'est vrai que c'est fatiguant mais les grandes politiques par exemple culturelles ou de santé, c'est répéter sans relâche.
Le salaire minimum pour tous c'est bien. Mais je n'"oublie pas que cela a de gros effets pervers. La sécurité et la liberté ne font pas bon ménage.
Oui, les syndicats font beaucoup de clientélisme. Ils vendent leur produit.
A Tutur,
Le travail sans relâche fait par l'Etat : politique culturelle, politique de santé avec incitations et sanctions.
Quelles sont ces solutions respectueuses ?
A Thina,
Si je parle de Maria Callas, c'est parce que je chante particulièrement faux. Ce que je veux dire, c'est qu'elle a eu plus d'argent et d'honneurs que je n'en aurai jamais. Logique de l'absurde pour dire que je ne revendique pas un salaire égal au sien ni une reconnaissance égale à la sienne.
Donc , je suis d'accord à chacun selon son mérite. Beaucoup prétendent que ce principe est terriblement inégalitaire.
A Dom
J’ai mis ton commentaire dans un autre sens :
"Le salaire minimum pour tous c'est bien. Mais je n'"oublie pas que cela a de gros effets pervers."
oui mais....
"mais les grandes politiques....c'est répéter sans relâche."
Education.
Mais avant il faudrait comprendre :
Pourquoi certaines personnes ne pensent pas à essayer de gruger le système ?
Pourquoi d'autres, riches ou pauvres, ne pensent qu'à ça ?
Il faudrait, pour changer les choses, répondre à ces questions.
A dom:
"Le salaire minimum c'est bien"
Le salaire minimum est une des lois les plus discriminatoires et les plus injustes qu'il y ait. Le salaire minimum ne profite en France a personne, il ne fait que condamner les moins qualifies, les plus faibles - que tu entends secourir - a une misere et a une pauvrete dont ils ne pourront jamais sortir.
Juger des mesures sur leur intention et non sur leur effet est absurde.
A dom,
- politique culturelle
Laissons aux gens leur argent et le soin de decider eux meme de ce qu'ils veulent. Toute autre attitude serait monstrueusement pretentieuse. Les subventions de l'Etat c'est la porte ouverte a l'arbitraire.
Si ta voisine te prenait 12 euros tous les mois et te forcais a voir le film qu'elle a choisit pour toi "dans ton interet" comment le prendrais-tu?
Si maintenant ton immeuble decidait par vote d'une personne qui va toucher 12 euros de chaque personne dans l'immeuble et choisira pour eux les films qu'ils iront voir. Serait-ce juste?
Laissons a le culture le soin de faire sa propre promotion...
Certes on subventionne l'Opera et la Comedie Francaise que j'apprecie. Mais est-ce juste que des gens qui n'y mettront jamais les pieds, vivant partout en France, jusque dans les Antilles ou en Polynesie, amateurs de Jazz de Rock, de Salsa de Rap de Raeggae de Zouk ou de musique Electronique payent ma place d'Opera? Certainement pas!
- politique de santé avec incitations et sanctions.
C'est ce que ferait toute assurance sante. Soit vous acceptez de faire une mammographie gratuite tous les ans, soit votre prime d'assurance sera plus elevee. Soit vous voyez le dentiste tous les 6 mois, soit on vous fera payer plus a cause du risque que vous prenez. C'est l'interet de l'assureur et de l'assure. A noter qu'il serait plus efficace d'avoir des assurances de sante que des assurances de soins de sante. La difference est subtile mais importante.
A Marc et Tutur,
je me suis plantée, je voulais dire revenu minimum. Ce qui change tout du raisonnement.
Pour la poltitique culturelle, certains monarques ont protégé les Arts (François I, Louis XIV)
Notre epoque a toujours ses mecennes, qui ne depensent pas l'argent des autres, ce qui en fait de vrais mecennes.
à Tutur,
"qui ne dépensent pas l'argent des autres" c'est vite dit : le mécénat ne confère-t-il pas des déductions d'impôts?
C'est de l'argent que ces "généreux" mécènes auraient de toutes façons déboursé. Et c'est de l'argent en moins dans les caisses de l'état, donc de la communauté..
Je ne suis pas contre le mécénat, mais il faut mettre les choses à leur juste place. Les mécènes d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec les mécènes d'autrefois, leur générosité est, disons... subventionnée..
Alors personne ne peut-etre mecene selon ta definition?
Deja tout n'est pas si simple avec le Mecennat, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_fran%C3%A7aise_sur_le_m%C3%A9c%C3%A9nat
Mais quand l'Etat est mecenne, il le fait avec de l'argent qu'il a confisque par la force.
Quand un particulier est mecenne et qu'il touche une reduction d'impot, il n'est pas privilegie, il est seulement epargne.
A Dom et Tutur
Le revenu d'existence est une idée que défendent certains "ultra-libéraux" et aussi certains alter-mondialistes ou autres "ultra-gauchistes", me semble-t-il?
Cette rencontre amusante inciterait plutôt à aller voir si ça a du sens.
Il faut avoir un peu d’imagination pour trouver des solutions aux problèmes (misère, chômage, désastre écologique annoncée bien plus grave que les ours des Pyrénées…) que créent le capitalisme et le progrès technique.
Le revenu d’existence n’est pas une idée nouvelle mais une idée du siècle dernier.
a Karl Marc :)
Je ne connais pas d'"ultra"-liberaux qui defendent le revenu d'existence... ou alors on a pas la meme definition d'ultra :-P
Un "ultra"-liberal defend le droit a la propriete et s'oppose a toute forme d'initiation de la violence. Aussi attrayant que semble un revenu d'existence, il faut bien prendre l'argent quelque part, ce qui contredit donc le droit a la propriete ou entraine l'initiation de la violence...
Je crois par ailleurs qu'un revenu minimum inutile, que la libre cooperation entre les individus est le meilleur moyen d'eviter la pauvrete et la misere. Des mutuelles de solidarites fondees sur l'entraide volontaire ont toujours existe... jusqu'au siecle dernier ou - sous pretexte de les preserver - l'Etat les a nationalise pour en faire une des assises de son pouvoir.
Voir un texte premonitoire a ce sujet, http://bastiat.org/fr/secusoc.html
Quels sont les problemes que creent le capitalisme et le progres technique selon toi? Je serai ravi d'en discuter car ce n'est pas mon point de vu, je pense qu'au contraire le capitalisme et le progres techniques ont permi a l'humanite de sortir de la pauvrete originelle. Tu as mon mail je crois.
Tutur
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