Création - suite
et fin
Comme annoncé, je reviens sur mon blog d’il y a quelques jours. Je prétendais qu’un auteur dramatique devait lire son texte et ne pas se contenter de l’écrire. Le texte dit est différent du texte lu. Peut-être. Encore faut-il que l’Auteur en question soit à même de le faire. Un bon auteur n’est pas forcément un bon comédien. Il peut mal interpréter son texte. Je me souviens avoir entendu Francis Carco dire ses poèmes. Cela se passait au théâtre du Vieux Colombier. Carco s’était noué un joli foulard rouge autour du cou pour faire plus guinguette. Son premier poème commençait par
« C’est au son de l’accordéon
Que Nénette a connu Léon… »
Carco le déclama sur un ton que n’aurait pas désavoué un Doyen de la Comédie Française en retraite, du premier quart du XX° siècle. Il prononçait « accorrrrdéon » avec un « r » de sermon et remontait la voix en fin de vers, prolongeant le son comme un écho sous des voûtes de cathédrale. Il ne restait rien de cette jolie petite poésie fraîche et populiste. Un ton que n’aurait pas désavoué André Malraux dans sa pire exhibition, sa grandiloquente et sanglotante homélie : « Entre au Panthéon, Jean Moulin ! »
(Oserai-je dire : une homélie mélo ?)
Je suis à la fois auteur et comédien. Ce qui m’interdit sans doute le droit de juger mes confrères qui n’ont pas cette chance ( ? ). Peut-être aussi, après tout, l’Auteur ne sait pas vraiment ce qu’il a écrit. Autre souvenir : jeune auteur de 25 ans, sans complexes, je me risque à présenter ma première comédie à Sacha Guitry qui accepte de la lire puis de me recevoir. Après m’avoir fait visiter son hôtel et avoir commenté les toiles qui s’y trouve avec des mots d’auteur que j’avais déjà lus dans ses œuvres, il en arrive à ma pièce : Êtes-vous sûr d’avoir écrit une comédie ? Moi, j’ai lu un drame et un drame affreux.
Il avait raison et se trompait en même temps. Les comédies de Molière sont d’horribles drames avec pères aveuglés par leur propres passions, maris cocus, vieillards ridiculisés, serviteurs malhonnêtes, enfants ingrats. Et c’est ça qui fait rire. Le malheur des autres est une inépuisable source de satisfaction.
Et Sacha a conclu : Mettez votre pièce dans un tiroir, et, dans dix ans, écrivez-la de nouveau.
P.S. : on vient de libérer Florence Aubenas. Trop tard pour que le OUI l’emporte.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home