jeudi, mars 15, 2007

DES MOTS...

Des mots, des maux, démo.

C’était le titre d’un blog écrit en janvier 2006. Je reprends les premières lignes.

«Explorant un blog d’outre-Atlantique signalé par Arthur, je tombe sur un exposé traitant de la volonté de certains élus Etats-Unisiens. Ils voudraient qu’une loi impose de remplacer le mot fœtus par bébé. Querelle de mots ? Certainement pas. Les lobbies anti-avortement connaissent le pouvoir des mots. Ceux-ci remplacent souvent les idées. En appelant bébé un fœtus, l’avortement au-delà du troisième mois devient un meurtre. Les femmes pauvres useront alors de procédés archaïques et mourront de manoeuvres abortives, tandis que les femmes riches iront se faire avorter à l’étranger. Le blogger note également que ceux qui sont contre l’avortement au nom de la vie, sont aussi pour la peine de mort ! »

Les mots !

Notre ministre de l’Education nationale veut que l’apprentissage du vocabulaire commence en maternelle. Cela va dans le sens de l’Identité nationale: on est en France, parlons français! Nos chères têtes blondes, Kevin et Océane, Wang Li, Mammadou, ou Mohamed devront apprendre au moins un mot par jour. On commencera peut-être par « Liberté, Egalité, Fraternité » Les forces de l’ordre effectuant un contrôle d’identité ne demanderont plus seulement des papiers, ils exigeront peut-être la lecture d’un texte ou une explication de mots. Pour cela, bien sûr, il leur faudra suivre des cours de rattrapage. J’ai encore quelques procès verbaux assez cocasses.

Il faudra aussi veiller à ce que les mots soient prononcés correctement. On s’est plaint de la baisse de niveau de l’orthographe. Mais comment l’enfant pourrait-il éviter la faute quand il entend prononcer LINDI au lieu de LUNDI ? Eh oui, la subtile distinction entre IN, UN et AIN ne s’entend plus. Et on parle plus de «poulé» que de «poulet». Querelle de mandarin ? Soit ! Alors, devenons plus sévères ou simplifions l’orthographe !

Au fait, vous savez, vous, comment prononcer le verbe ARGUER ?

Presque chaque jour j’entends à la radio « pallier à » alors que ce verbe est un transitif direct.
Et après les dérives phonétiques, que dire des dérives sémantiques de nos dirigeants? Un quarteron, mon Général, c’est 25 et non 4. Et notre futur ex aurait dû savoir qu’un mongol couche dans une «yourte» et non une «youtre».

Alors, bravo, Monsieur le ministre. Mais pour la sauvegarde de la langue française, assortissez votre décret de l’interdiction pour les enfants d’écouter la radio ou la télévision ainsi que les discours politiques.

Ils ne perdront pas grand-chose.

6 Comments:

At 20:34, Anonymous Anonyme said...

Cher Jean-Claude Deret,

Quand bien même mon commentaire ne concerne pas directement cet article, je me permets de réagir aujourd'hui à votre article sur le permis de voter que je viens tout juste de lire.

L'idée d'un permis de voter n'est pas aussi inavouable que vous ne sembliez le suggérer. D'ailleurs vous trouverez une défense de cette idée sur www.permisdevoter.fr.
Car il est vrai que la démocratie n'a aucune fondation théorique consistante: comment justifier un régime qui nie la perfectibilité humaine, qui considère d'emblée les êtres humains comme égaux?
Et n'est-ce pas parce que la démocratie pose d'emblée les hommes comme égaux qu'elle est inapte à les rendre véritablement égaux dans leur chance d'accéder à toutes les positions sociales?

J'espère en tous cas que mon site saura susciter quelque intérêt de votre part.

Cordialement,

Olivier Drochon

 
At 21:17, Anonymous Anonyme said...

Vous dites que la démocratie n'a aucune fondation théorique consistante. Je vous rejoins entièrement sur ce point, mais le suffrage capacitaire n'en a certainement pas plus.

La démocratie consiste à déléguer des droits que l'on ne possède pas soi-même, le suffrage capacitaire n'y change strictement rien.

 
At 20:41, Anonymous Anonyme said...

Le permis de voter a des bases théoriques qui me semblent bien plus stables. Il repose sur la définition rousseausite de l'homme comme être perfectible. A l'inverse, la démocratie repose sur une définition de l'homme qui le réduit à un statut animal, en le supposant d'emblée parfait.

Cordialement,

Olivier Drochon

 
At 23:47, Anonymous Anonyme said...

Quel rapport cela a-t-il avec ma critique? (Et avec le blog soit dit en passant :P)

 
At 00:24, Anonymous Anonyme said...

- avec le blog parce que M. Deret propose lui-même l'idée d'un permis de voter dans un post précédent (post malheureusement trop ancien; j'ai donc tâché d'attirer l'attention de M. Deret en lui faisant part de ma proposition dans un post plus récent).
- avec votre critique, parce que vous dites votre accord avec l'idée selon laquelle la démocratie n'a aucune fondation théorique consistante. Or je pense qu'il manque à la démocratie des principes premiers clairement défini. Et je fais de la perfectibilité humaine un principe premier duquel devrait partir toute théorie politique.

Sans doute n'entendez-vous pas la même chose par fondation théorique. Mais je serai curieux de savoir ce que vous entendez par fondation théorique. Et en quel sens l'idée d'un permis de voter n'a pas plus de fondation théorique que la démocratie? Vous dites que la démocratie et le permis de voter consistent à déléguer des droits qu'on ne possède pas... dès lors qui détient ce droit de veiller au destin d'un pays? De quel type de régime politique êtes-vous le défenseur? (à lire vos propos, je pense que vous devez être un royaliste qui pense que le pouvoir politique est de droit divin, mais peut-être me trompe-je),

Cordialement

 
At 23:36, Anonymous Anonyme said...

Je vous ai repondu sur votre forum.
Je ne suis pas royaliste mais anarchiste, la legitimite de tout acte decoule du droit naturel et non d'un (hypothetique) droit divin.

 

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