mercredi, juin 15, 2005

18 juin, et moi et moi et moi...

On va bientôt commémorer le célèbre appel du 18 juin, lancé par De Gaulle depuis ce Londres où il avait été envoyé en mission. Je ne veux pas être le dernier à en parler. Disons-le sans fard, je ne suis pas gaulliste. Je l'ai été quand il était dangereux de l'être, quand on se croyait malin de cacher le fameux appel ( que peu de personnes avaient entendu ) dans un sac de caoutchouc noyé dans le réservoir de la chasse d'eau,quand on imprimait et distribuait des tracts appelant à la résistance passive ou active, quand on gardait l'espoir d'une France libérée non seulement des occupants mais aussi de toutes les vieilles tares du passé, comme l 'amour des armes et de la guerre, la xénophonie, l'antisémitisme.
On va bientôt voir refleurir sur les murs l'affiche commémorative reprenant cet appel. Avec, en exergue, une phrase devenue encore plus célèbre " La France a perdu une bataille, elle n'a pas perdu la guerre ". Phrase qui n'a pas été prononcée ce jour-là et qui est tirée, je crois, d'une oeuvre théâtrale de Saint-Georges de Bouhélier. Une Jeanne d'Arc. Le choix de cette citation n'est pas anodin.
Quand on consulte le Gotha des élus et ministres de notre époque on est frappé du nombre de noms à particule. Le vrai nom est oublié et on fait chanter haut et fort un nom noble quelquefois usurpé ou simplement acheté. En pédant cultureux on pourrait dire que le gentilice est abandonné au profit du cognomen. La Convention n'avait-elle pas supprimé la particule ? Il est bon toutefois de rappeler que Maximilien se faisait appeler "de" Robespierre, que Fabre avait ajouté "d'Eglantine" pour rappeler une récompense dans un tournoi de poésie et que Danton signait : Chevalier d'Anton. Je pense que c'est Napoléon, ce fils ingrat de la Révolution, a rétabli cette particule qu'on aime toujours beaucoup aujourdhui. La revanche des ci-devant contre la gueuse. Au point de la coller à De Gaulle. Le De doit s'écrire avec une majuscule. Il témoigne de l'origine du nom, le Nord de la France. Il correspond au De belge ( De Voos ) au Le breton( Le Guern, Le Mat ) S'il s'agissait de la particule nobiliaire on devrait dire et écrire, selon le bon usage : " Gaulle a pris la parole " et non " De Gaule a pris la parole", "Le député X a rencontre Gaulle "etc. Même des journaux et hebdos dont on ne peut mettre en doute l'esprit républicain, comme le Canard Enchaîné , le Monde, écrivent De Gaulle.
Je ne suis pas gaulliste, soit. Mais l'était-il lui-même ? Marx, sur ses vieux jours proclamait qu'il n'était pas marxiste. Il ne se reconnaissait pas dans les conclusions qu'on avait tirées de ses écrits. De Gaulle se reconnaîtrait-il dans l'usage indû que l'on fait de lui aujourd'hui ? Je ne suis pas gaulliste, mais j'aimerais qu'on arrête de l'appeler "de Gaulle" . La grandeur du personnage n'a pas besoin de cette fausse noblesse.