Célébration
Je sais, bien sûr, qu'il est trop tôt pour en parler, mais l'exemple vient de haut, si j'ose dire compte tenu de la taille du locuteur. Je parle, évidemment, de mai 68 dont on cherche à éradiquer la mémoire. Allons, Monsieur, on n'efface pas le printemps. Il suffit que cela ait eu lieu.Non, il n'y aura pas de défilé militaire, de dépôt de gerbes, sauf peut-être sur la tombe de Pierrot; pas de remise de médaille ou de remise de peine.
Quelques amis se réuniront si je suis lu et entendu, déambuleront avec nostalgie autour de la Sorbonne où, il y aura quarante ans, se retrouvèrent bizarrement mêlés pendant quelques semaines des anarchistes, des maoïstes, des spontanéistes, des royalistes de gauche (mais si !) des étudiants iraniens en lutte contre le shah qu'ils voulaient remplacer par l'ayatollah, des profs à cravate, des désœuvrés, des enfants regroupés dans un Comité Gavroche, des artistes...
Un mélange étonnant, détonant, déconnant.
Bien des choses ont changé grâce à mai 68, même si on répugne à le reconnaitre.
J'écrirai sans doute un jour proche "Mon Moi de Mai", vécu à l'intérieur. Je parle de la Sorbonne, pas du ministère.
Je raconterai mes rencontres, mes surprises, mes aventures parfois cocasses et des évènements si étranges que personne ne me croira et que je serai poursuivi pour diffamation. Et pourtant !
Paris insurrectionnel, barricades, manifs, CRS et gaz lacrymogène,... C'est mauvais pour le commerce, pour tous les commerces et les prostituées voient se raréfier la clientèle et crient des insultes aux gens qui défilent. Les cinémas ferment Et un célèbre auteur de chansons que je nommerai pas, patron d'un non moins célèbre Music-Hall dont je tairai le nom, vient en personne à la Sorbonne offrir son établissement à la révolution !
J'y étais. Mieux: c'est moi qui ait établi le contact. Je n'ai cité aucun nom, monsieur le juge.
Amis, avez-vous une idée pour cette fête ?
On ne lancera pas de pavés, on chantera les Temps des cerises, on trinquera à la santé des vivants et à la mémoire des disparus et on attendra 2018 pour fêter les cinquantenaire d'un printemps dont peu se souviendront, hélas!
1 Comments:
Céder un peu c'est capituler beaucoup, j'ai fini par le comprendre, tard.
Et j'arrive encore un peu tard, pour m'accrocher à vos déambulations de printemps. Trop tard, dommage me plaît bien votre nostalgie cher étonnant voyageur. Déjà en 1968 j'étais en retard, non pas sur l'heure, je ne la rate jamais, plutôt sur l'esprit du temps. Et même, incroyable, Mai 68 je ne l'avais pas vu passer. Plus grave encore, j'ai ignoré. Ignorante on me voyait.
Rue Saint-Jacques, à Censier, rue de Seine, je n'y étais pas, il y a quarante ans. Dieu que j'étais cruche alors et comme je l'ai regretté, beaucoup plus tard. Je n'étais ni rue Gay-Lussac ni à Nanterre et pensait, à l'époque, que mon petit monde était le centre de l'univers. Je n'avais pas à oublier tout ce que j'avais appris, j'avais tout à apprendre. Peut-être est-ce plus le fruit de la très longue réflexion qui me vint peu à peu sur mon improbable utilité sur cette terre ou plus la résultante des trente huit déménagements en trente huit ans qui me furent utiles pour qu'enfin, je me retourne sur l'essentiel.
Arrêtez le monde, je veux descendre, disaient-ils. Ce doit être vers les années 82, non plutôt 1981, que ma cervelle a commencé à se débloquer. Vers 1981 je suis descendue.
Voyons réfléchissons, qu'est ce qui a bien pu se passer de si spectaculaire, pour que, juste cette année là, je rencontre mieux l'être humain et la citoyenne que j'ai toujours été au fond. Mais n'étais-ce pas un mois de mai d'ailleurs, et n'étais-je pas sur les pavés de la Bastille ce jour là. Un drôle de 10 mai, vous en souvenez-vous ? Bien sûr vous vous en souvenez. La pluie avait inondé une foule de milliers de gens exultant, riant, pleurant, dansant, heureux, submergés. C'était cela l'allégresse, ce que j'ai aimé l'allégresse. J'ai quitté Paris peu après, et il y avait de l'orage en cette nuit d'espérance au dessus des toits. Comme beaucoup d'en nous, j'ai toujours gardé mémoire les coups de tonnerre grandioses et la foule tonnant en une même chanson.
Et quelle jolie idée vous vient de songer à écrire votre "Moi de Mai", vécu à l'intérieur et sûrement de l'intérieur aussi. La chronique de l'intime est ma respiration et votre pensée me parle. J'ai songé que vous pourriez même traverser tous les "Moi de Mai" qui ont compté dans votre vie.
D'autant que je suis un peu loin au Sud, et que mes petites jambes me jouent de drôles de petits tours en ce moment, je ne pourrai pas être de votre vagabondage. Mais je suis sure qu'il y aura de belles conversations autour de ces printemps passés. Ceux qui ne demandent qu'à renaître. A bientôt peut être. Constance.
biographe-aide.memoire@orange.fr
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