samedi, mai 05, 2012

La panne

Lundi dernier, après ma rencontre avec Laury, l'ambulance de la Croix-rouge m'a conduit à l'hôpital Tarnier, dépendant de Cochin.
L'ambulancier, Jean-Claude, devenu un ami me propose un fauteuil roulant. Mais je réussis à aller jusqu'à l'ascenseur qui me mènera jusqu'au deuxième étage. Consultation de pure forme, on constate une évolution plutôt favorable de l'énorme œdème qui me fait traîner la jambe. Consultation terminée, je téléphone à Jean-Claude, il peut revenir me rechercher : cette fois je serai heureux d'être en fauteuil.
Quand il arrive, avec le fauteuil plié, il me prévient qu'il ne pourra me mener qu'en haut des escaliers : les deux ascenseurs de ce bâtiment hospitalier sont en panne.
Les bâtiments anciens ont toujours une grande hauteur sous plafond et descendre deux étages marche par marche représente un gros effort. Arrivé en bas, je reprends le fauteuil jusqu'à l'ambulance...
Dans le trajet vers chez moi, une crainte me hante : j'habite au 6ème et mon ascenseur est souvent en panne. Soulagement : il n'en est rien.
Je retrouve mon chez moi avec un soupir d'aise et m'effondre dans un fauteuil.

Au fait, ce lundi-là était la journée nationale de sensibilisation du public aux difficultés d'accès et de circulation dans les endroits publics pour les handicapés...

mardi, mai 01, 2012

Laury

L'ambulance de la Croix-rouge a un léger retard. Fatigué de l'attendre dans le vestibule, je sors sur le petit parking devant mon immeuble. Je marche avec difficulté, mes jambes sont lourdes et ma canne s'avère indispensable. Je fais quelques pas incertains, puis m'arrête.
Alors, lancé à pleine vitesse, un gros vélo jaune vif dérape juste devant moi. Un jeune black jaillit et me regarde d'un air anxieux.
- ca va, m'sieur ? Vous avez besoin d'aide, m'sieur ?
Sa sollicitude me touche. Je me hâte de le rassurer :
- Non, non, ça va. J'attends l'ambulance de la Croix-rouge, mais ça va.
Il soupire soulagé.
J'ai envie de prolonger la rencontre tandis qu'il redresse son vélo.
- Dis donc, t'es un vrai kamikaze ! Tu fais de l'acrobatie ?
Petit regard déçu : mais non m'sieur, c'est qu'un vélo de ville.
- Ah bon ! Comment tu t'appelles ?
- Laury, m'sieur.
- LO... ?
- Non, LAU.
Il tire de la poche de son blouson un paquet de fils emmêlés : les écouteurs de son balladeur.
- Tu aimes la musique ? Qu'est-ce-que tu écoutes ?
- Un peu tout.
- Euh...du reggae ?
Son visage s'illumine.
- Oui, m'sieur. vous aimez ça ?
- Oui, j'adore.
Il hésite : bon, voilà...Il enfourche son vélo.
Dernier geste de la main.
- Au revoir, m'sieur, meilleure santé.
et il disparaît à fond de train, ravi, j'en suis sûr, de ce qui vient de se passer.
Moi, je suis heureux.

Au fait, c'est quoi le reggae ?