On a encore le temps, mais déjà la machine à décerveler fonctionne. Le coup est bien joué. On occupe les médias, on fait assaut de petites phrases drôles, agressives ou subtiles, on suggère, on insinue, on suppute, on dénonce, on s'insurge ou on affirme. Prenez un dictionnaire des synonymes ou des antonymes, tout y est. S'agit-il des présidentielles ? Que nenni ! Il s'agit du pseudo duel Sarkozy-Galuzeau ( de V.) Pseudo ? Ben voui, j'y crois pas. Il y a derrière ces campagnes comme un désir de nous faire croire que les présidentielles se réduisent au simple choix entre ces deux hommes sans doute parfaitement honorables, je l'espère, mais qui ne sont pas les seuls à l'être. On en revient, en fait, au choix entre la peste et le choléra, l'une et l'autre inévitables. Et le tiers exclu, le troisième homme ? On occulte la possibilité d'un autre recours. Il faut que ce soit l'un ou l'autre des prétendants et tout est mis en oeuvre pour faire croire aux naïfs électeurs que les jeux sont faits d'ores et déjà. Et ceux qui se figurent qu'ils vont voter librement auront été savamment conditionnés. Quant aux faux rivaux, ils se réconcilieront sans doute sur le cadavre de la démocratie et gouverneront ensemble, unis pour le meilleur et pour l'empire.
On en parle beaucoup et on appelle ça un débat sur le "Libre accès à la Culture ". Et il y a là un amalgame pas tout à fait innocent. En accolant le mot CULTURE à l'adjectif LIBRE on met en valeur deux fondements de notre société. La Liberté qui apparaît en premier aux frontons des mairies et des écoles, et la Culture. La Culture devient donc un élément essentiel de la Liberté. C. Q. F. D. Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! Et que de détournements. Le Droit d'Auteur est remis en question au nom de la Liberté. Le tour est joué. La liberté de quoi, au fait ? De lire tout roman de votre choix, d'entendre toute musique qu'il vous plaira, d'assister à tout spectacle de théâtre, de visionner tout film à votre goût ? Soit ! Mais que devient celui qui a écrit ces pages, qui a composé ces notes , imaginé ces pièces, etc ? Il n'a souvent que ces revenus d'auteur, ces fameux Droits, pour vivre ou survivre. Allons, soyons généreux. Supprimons les, ces Droits "abusifs" et laissons le libre accès à la culture. Organisons en contrepartie le Libre accès des Auteurs aux transports ferroviaires ou aériens, à la franchise postale, à la boucherie du coin, à la boulangerie au bas de la rue... Ainsi qu' à la plus proche cave vinicole. A la bonne vôtre.
Cela dit, si vous souscrivez à ces remarques, rien ne vous empêche de faire un acte citoyen, comme on dit, en allant soutenir un jeune auteur de 84 ans et sa pièce " Samuel dans l'Île" au Théâtre le Funambule, du mardi au samedi à 21 heures. Il s'agitdans cette comédie dramatique d'un Libre accès à l'Amitié.
Je suis inquiet. Je m'apprêtais à dire du bien, une fois n'est pas coutume, de la proposition de notre Président de taxer les billets d'avion pour venir en aide aux pays du tiers ou du quart monde. Puis je me suis souvenu d'une certaine vignette automobile instituée pour venir en aide aux personnes âgées. On se rappelle que le produit de la vignette fut simplement intégré aux recettes générales et que les vieux n'en virent jamais la couleur. Je crains qu'il n'en soit de même pour la taxe proposée et sans doute bientôt votée. Une fois de plus on va se moquer du tiers comme du quart (monde) Je suis inquiet. Un centenaire en amène un autre. Ce qui est normal. Toutes les dates sont le centenaire d'autre dates. J'en ai connu pas mal dans ma longue existence. J'ai fêté Jeanne d'Arc en 1928 dans mon petit village de Mennetou sur Cher où elle avait dormi une nuit ( peut-être dans le prieuré que je possède encore) J'ai plus récemment fêté sur scène, avec mes amis du Théâtre du Cercle de St Gervais la Forêt, le bi-centenaire de la Révolution, puis le centenaire de l'Affaire Dreyfus ( assez peu médiatisé par ailleurs) et celui de Victor Hugo dit Torvic Gohu, verlan employé par Adèle. Après Austerlitz, voici qu'on reparle de la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. On veut la toiletter ? Ce terme, appliqué à un toutou, signifie d'abord qu'on va le tondre. On va subventionner les cultes. Toutes les religions seront concernées. Soit. Mais ceux qui font profession d'athéisme risquent fort de se voir oubliés. On va trouver des fonds pour bâtir des moquées des synagogues, des églises, des temples, voire des ashrams. En restera-t-il pour des clubs agnostiques ? Ce qui me rappelle une aventure survenue à un de mes frères entrant dans un pays où la religion fait prime. Pays qui se dit démocratique et n'est, en fait, qu 'une théocratie puisque les dirigeants prêtent serment sur des livres saints. In God We Trust. La devise s'étale sur... les billets de banque. Un officier d'immigration demande à mon frère sa religion : Agnostique, est la réponse. Inquiétude du préposé. Mon frère s'empresse alors d'ajouter:... mais pratiquant. Soulagé, le fonctionnaire appose le visa d'entrée. Noël. J'ai souvent lu sur les journaux :" Le Chef de l'Etat a assisté à la Messe de minuit". En tant que personne, c'est son droit. En tant qu'élu, il viole une loi qui ne demande peut-être que ça. Si la fameuse loi de 1905 est abrogée, je me demande où j'irai. Les religions ont toujours été des facteurs d'affrontements au nom du prosélytisme. Les Croisades et leurs millions de morts continuent. La plupart des guerres actuelles ne sont pas autre chose. Je suis inquiet.
Il semble que mon N° 1 n'ait poas paru. A-t-il été censuré. A tout hasard, je le renvoie. Tant pis pour ceux qui l'ont déjà lu. On se se lasse pas de la bonne littérature. Une nouvelle miss France est élue. Elle est belle, mais... elle porte un nom qui semble indiquer une origine juive. Et les ligues antisémites, les groupuscules se déchaînent : une youpine représenterait la France ? Ne vous étonnez pas, depuis des siècles, rien n'a évolué. Au moment où on cherche à revisiter l'histoire coloniale de la France, il serait bon de revisiter l'Histoire tout court, mais pour mettre en lumière les dérives acceptées de longue date. Qui se souvient que Louis IX ( dit saintLouis) imposa aux Juifs le port d'une rouelle jaune, ancêtre de l'étoile jaune imposée sous l'occupation. Par qui, au fait ? Je crains que ce ne soit par la France de Pétain, une France acceptée alors par des millions de nos concitoyens. La rouelle jaune fut-elle une des raisons de la sanctification de Louis IX ? Joinville rapporte que le Louis en question déclarait que la seule façon de discuter avec un Juif était de lui passer une épée à travers le corps. Plus tard, Jean le Bon obligera toujours les Juifs à porter cette marque mais, en plus, ils devront payer un impôt sur la rouelle. Puis lui ou un de ses successeurs décida de doubler la mise : une rouelle sur la potrine, un rouelle sur le dos, donc, double imposition. Pour en finir avec cette histoire revisitée, je me rappelle avoir lu dans un magazine traitant de l'Histoire un récit racontant avec émotion comment avait été choisi le premier Soldat Inconnu. Très jolie description du jeune conscrit timide passant,un petit bouquet de fleurs tricolores à la main, devant une dizaine de cercueils contenant les restes d'anonymes tués au combat, puis déposant son bouquet au hasard. L'auteur nous a précisé la façon dont furent choisis ces cadavres reconnus par les lambeaux de leur uniforme. On écarta quelques ossements étroitement mêlés quand un Français et un Allemand s'entretuèrent. Mais on écarta aussi deux cercueils qu'on ne jugea sans doute pas dignes de reposer sous l'Arc de Triomphe : ils contenaient les restes de tirailleurs sénégalais, morts pour la France.
On vient d'élire une nouvelle Miss France... C'est un lieu commun de rappeler que les critères de beauté ont évolué au cours des siècles; maquillée et habillée la Vénus de Milo devient une grosse dondon. La beauté est une valeur toute relative. Et je retrouve dans mes papiers un petit récit écrit il y a quelque temps. Je vous le livre.
Dans le métro.Le garçon est beau. Pas de cette beauté classique et froide perpétuée par les ciseaux des sculpteurs antiques. Il n'a rien d'un Antinoüs. Le nez court et un peu camus évoque plus un faune qu'un éphèbe. Je ne peux lui donner d'âge exact. S'il n'est plus un adolescent, il n'est pas encore un homme. Son visage étrange, anguleux, m'a frappé dès que je suis entré dans le wagon. Le garçon était assis à l'extrémité de la voiture et je n'ai trouvé de place qu'au milieu, près d'une femme aux cheveux teints en noir corbeau, une grosse dame puant un parfum à la mode dont les trop violents effluves m'évoquent plus des dessous féminins douteux que des fragrances printanières. Je ne vois le jeune homme que par intermittence, les voyageurs qui montent et descendent l'éclipsent souvent et je le redécouvre chaque fois. De courtes boucles dorées retombent sur son front, soulignant un aspect faunesque qu'accentuent encore de petites oreilles un peu pointues. Il lit. Un magazine. Il relève de temps en temps sa belle tête, réfléchissant probablement à ce qu'il vient de lire en se mordant les lèvres de ses dents de jeune carnassier.Je vois mieux alors ses yeux fendus, presque asiatiques, cernés de bistre, qui laissent filtrer un regard sombre, son menton carré et sa bouche trop large ombrée d'un duvet léger. Dans le cou serré à la base par la patte d'un blouson de cuir noir, la pomme d'Adam ne saille qu'imperceptiblement. L'ensemble possède un rien de vulgarité. Ce beau garçon me fait penser à une vedette populaire, chanteur rock au charme équivoque d'un célèbre groupe anglais. Il m'évoque aussi ces beaux visages de jeunes dieux Pan nés du crayon de Jean Cocteau. Il lève soudain les yeux vers le dessus de la porte automatique, interroge le schéma des stations. Il arrive sans doute à destination. Il replie son magazine, baisse la fermeture à glissière de son blouson, se lève et s'avance dans l'allée, vers moi... Je distingue mieux alors sous le blouson entrouvert la forme des seins; s'il me restait le moindre doute, la jupe courte serrée sur les cuisses épaisses les dissiperait. Je comprends alors que ce beau garçon est une femme.
Remettant à plus tard les pensées profondes que m'inspirent la beauté, je préfère aujourd'hui me pencher sur le problème des commémorations. Austerlitz ! Le soleil ! Le petit empereur mégalomane( pléonasme ?) une main dans le dos, l'autre sur son ulcère d'estomac, contemple les troupes ennemies... Et ce sera la victoire ! Des dizaines de milliers de morts ? Quand on aime la gloire, on ne compte pas. Que va-t-on commémorer au fait ? La victoire pour les uns, la défaite pour les autres, puisuqe la commémoration se fait tous pays confondus. Des milliers de figurants, des milliers d'uniforme, des tonnes d'explosifs, et sans doute aussi des tonnes de hamburgers, de saucisses et de frites. Que se passera-t-il dans cent trente cinq ans d'ici. Va-t-on faire une vaste reconstitution du déferlement des troupes nazies sur le sol français, avec fausses attaques de stukas sur des colonnes de réfugiés, puis fausses arrestations de juifs et pelotons d'exécution de résistants. Le Stade de France ( S d F ) remplacera le Vel'd'Hiv, des milliers de figurants en uniforme, d'autres en pyjamas rayés... Le devoir de mémoire est une chose. Encore faut-il choisir ce qu'on doit retenir des leçons de l'histoire.
P.S. : répondant à une question qui ne m'a pas encore été posée, je précise que c'est bien le 20 décembre à 21 heures que débutera au Théâtre Le Funambule ma pièce SAMUEL dans l'ÎLE.
Comédien - scénariste -auteur/compositeur/interprète
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lecteur de Victor Hugo et du Canard Enchaîné- fan de polars - Travailleur paresseux - non fumeur - allergique au froid -
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